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Misère au Borinage est un film tourné en 1932 par Henri Storck et Joris Ivens. Ce documentaire militant, connu mondialement, explore longuement la misère des mineurs, la sauvagerie de l'exploitation ouvrière au Borinage en cette époque, les conditions de vie difficiles des ouvriers de la houille, leurs maladies physiques, etc.

Réalité et fiction[]

Comme tout documentaire, il mêle la réalité et la fiction et ceci d'autant plus prodigieusement que ce mélange ne relève pas de la volonté directe des réalisateurs. En effet, dans le film, les deux auteurs avaient organisé, avec des figurants borains, une manifestation de mineurs marchant derrière un portrait de Karl Marx. La gendarmerie prit cette scène de cinéma pour une vraie manifestation et intervint pour la disperser, ce que la caméra de Storck et Ivens filme également. Walter Benjamin écrit alors dans L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique « De la même façon, grâce aux actualités filmées, n'importe quel passant a sa chance de devenir figurant dans un film. Il se peut même qu'il figure ainsi dans une oeuvre d'art — qu'on songe aux Trois Chants sur Lénine de Dziga Vertov ou au Borinage de Joris Ivens. Chacun aujourd'hui peut légitimement revendiquer d'être filmé.[1] »

Un Néerlandais et un Ostendais fondent le cinéma wallon[]

Ce film, tourné par un Ostendais et un Néerlandais, peut être considéré comme l'acte fondateur de l'Histoire du cinéma wallon dont la caractéristique dominante, en tant que cinéma "national" (au sens de Jean-Michel Frodon), a toujours été d'aborder la réalité ouvrière (mais aussi paysanne par exemple avec (Jean-Jacques Andrien) en toutes ses dimensions, sans craindre de renvoyer à une image difficile, critique, dure du pays wallon, ce dont on peut dire que les Frères Dardenne prolongent sous les feux de la célébrité mondiale.

Misère au Borinage engendre d'autres films enracinés et universels[]

A certains égards on pourrait considérer le film Déjà s'envole la fleur maigre (1959) de Paul Meyer comme une réplique de ce film, mais où il aborde une autre catégorie d'exclus, celle des étrangers qui arrivent au Borinage, au milieu des années 1950, à la veille même de l'effondrement complet de l'industrie charbonnière qui fit, non certes la richesse des mineurs Borains, mais leur "gloire", leur puissance politique dans la lutte sociale. Il est remarquable qu'en 1999 (voir lien externe), Patric Jean proposa une deuxième réplique au film-jalon de Storck et Ivens, se heurtant à nouveau à des tentatives de censure, ce qui donne à ces trois films (Misère au Borinage, Déjà s'envole la fleur maigre et Les enfants du Borinage), si enracinés, un air de famille de type non seulement local mais universel.

Patric Jean a écrit : Je décide de retourner au Borinage, lieu de mon enfance pour écrire une lettre-film à Henri Stork à propos de la misère sociale qui s'est perpétuée jusqu'à mon époque pour présenter son film Les enfants du Borinage, lettre à Henri Storck.

Œuvres réalisées avec les épreuves de tournage du film[]

  • Autour du Borinage, de Jean Fonteyne (1933-1936)
  • À chacun son Borinage, Images d'Henri Storck, de Wieslaw Hudon (1978)

Notes[]

  1. Walter Benjamin, Oeuvres, Tome III, Folio/essais, Paris, 2000, p. 296

Bibliographie[]

  • François André Cinéma wallon et réalité particulière in TOUDI n° 49-50, septembre 2002

Voir aussi[]

Lien externe[]

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