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Le faux Coupable est un film américain réalisé en 1956 par Alfred Hitchcock.

Synopsis[]

Alors qu'il se rend au siège de sa compagnie d'assurances afin de demander un prêt pour offrir des soins dentaires à sa femme, Manny Balestrero est identifié. La réceptionniste est formelle : c’est lui qui a attaqué la banque il y a quelque temps. Pourtant, Manny est un modeste musicien qui n’aspire qu’à un peu de bonheur avec sa femme Rose et leurs deux enfants. Celle-ci ne supportera pas de voir son mari, le plus honnête des hommes, traîné dans la boue. Manny croit longtemps à une erreur sans conséquences, mais il s’engage dans une longue bataille contre la justice aveugle.

Critique[]

‘Faux coupable’ est probablement le film le plus invraisemblable d'Alfred Hitchcock tout en étant le plus véridique, puisqu'il reprendre point par point un fait divers. Le cinéaste prend d'ailleurs soin de nous avertir avant le générique, c'est-à-dire hors du film, que l'histoire qu'il va nous narrer est absolument réelle. Aujourd'hui les télévisions nommeraient ce style de film un docu-fiction et ce faisant elles abuseraient de nous puisqu'elles ne feraient qu'alimenter la pseudo-demande orgiaque d'images vraies, diaporama compulsif de la misère, forme allégorique de la plaquette de chocolat.

‘Faux coupable’ a beau être la transcription fidèle d'un fait réel il n'en est pas moins une œuvre de mise en scène, de mise en images du hasard. « Manny » sort du Stork Club où il n'est qu'un obscur contrebassiste. Il marche dans la rue, deux policiers l'encadrent, le dépassent et disparaissent. Dès les premières images du film Hitchcock nous informe que le destin de « Manny » est déterminé par le hasard.

"Manny" prend le métro, déplie un journal et tombe sur une publicité pour une marque d'automobile. Il tourne la page du journal, ses yeux se posent sur une publicité pour une assurance qui propose des crédits aux familles de deux enfants… Nous apprenons ainsi, et par hasard, que « Manny » a deux enfants. « Manny », avant de rentrer chez lui, pousse la porte d'une cafétéria. Il s'assoit et déplie de nouveau son journal. Son attention se porte ce coup ci sur les courses de chevaux, qu'il étudie avec soin dans l’espoir, peut-être, de contrecarrer le hasard.

Le lendemain « Manny » se rend dans les bureaux de son assureur pour emprunter de l'argent : le hasard veut qu'il ressemble à l'auteur de divers hold-up qui ont eu lieu dans le quartier. Rien n'accuse « Manny » d'être ce malfaiteur, pourtant tous le désigneront comme coupable et cette multitude n'est que le fruit du hasard.

A partir de là, se mettent en mouvement des mécanismes sociaux qui aboutissent à la perte de liberté. « Manny » n'est plus un contrebassiste mais un objet que l'on détaille, expose, fiche, photographié et emprisonne. Il n'est plus qu'une chose sans voix. Rien, ni personne, ne peut lui rendre sa dignité. Seul un miracle peut l'extirper de ce Chemin de Croix. Et c'est ce qui advient alors qu'il prie face à l'image du Christ.

Pour rendre palpable cette implacable chute que constitue le ravalement d'un être humain au rang d'une chose, Hitchcock fait appel à tout son art de la mise en image. La scène où « Manny » est emprisonné pour la deuxième fois, illustre particulièrement ce propos.

Il est escorté, au travers d'un dédale d'escaliers et de barreaux, jusqu'à sa cellule. Il entre, la porte de fer coulisse derrière lui et, aussitôt, la caméra entre dans la cellule par le guichet rectangulaire de la porte. « Manny » nous tourne le dos et se plante, un long moment, devant les rectangles que dessinent les barreaux. Puis, comme s'il se savait épié, il fait face à la caméra. Celle-ci ressort et l'œil de « Manny » envahit le guichet.

L'œil de « Manny » est dans le rectangle. Non seulement « Manny » ne parle plus, mais à quoi lui servirait de parler puisque personne ne l'écoute, mais le regard de « Manny » est emprisonné dans un espace qui lui interdit de voir le monde. « Regarder autour de soi, c'est vivre libre » JLG « Manny » n’est plus libre, il ne peut regarder autour de lui. Lorsqu'il est appréhendé et qu'il se retrouve dans une voiture de police, ceux ne sont que les dos et les profils des inspecteurs que « Manny » peut observer. Lorsqu'il est conduit d'un lieu à un autre, ceux ne sont que ses pieds qu'il regarde. Tout comme il ne regarde que ses doigts lors du relevé d'empreintes.

Et il faudra un miracle, le hasard, pour que « Manny » puisse de nouveau regarder autour de soi.

Avant d'être une leçon de morale, The Wrong Man est à chaque minute une leçon de mise en scène.(…) Balestrero entre dans sa cellule, il regarde le lit: contrechamp sur le lit, le lavabo: contrechamp sur le lavabo, il lève les yeux: contrechamp sur l'angle des murs et du plafond, il regarde les barreaux: contrechamp sur les barreaux. Nous comprenons alors que Manny voit sans regarder (…) de même que pendant le procès il entendra sans écouter.Les données immédiates de la conscience, Alfred Hitchcock, une fois de plus, prouve que le cinéma, mieux que la philosophie et le roman, est aujourd'hui capable de les montrer.
Jean Luc Godard - Cahiers du Cinéma n°72 Juin 1957

Distribution[]

  • Henry Fonda : Christopher Emmanuel 'Manny' Balestrero
  • Vera Miles : Rose Balestrero
  • Anthony Quayle : Frank D. O'Connor
  • Harold J. Stone : Det. Lt. Bowers
  • John Heldabrand : Tomasini
  • Doreen Lang : Ann James
  • Norma Connolly : Betty Todd
  • Lola D'Annunzio : Olga Conforti
  • Robert Essen : Gregory Balestrero
  • Dayton Lummis : Judge Groat

Fiche technique[]

  • Titre : Le faux Coupable
  • Titre original : The Wrong Man
  • Réalisation : Alfred Hitchcock
  • Scénario : Maxwell Anderson, Angus MacPhail, d'après L’Histoire véritable de Christopher Emmanuel Balestrero de Maxwell Anderson
  • Musique : Bernard Herrmann
  • Date de sortie (États-Unis) : 26 janvier 1956
  • Film américain
  • Format : noir et blanc, son mono
  • Durée : 101 minutes

Source[]


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