La Chamade est un film français d'Alain Cavalier adapté du roman écrit par Françoise Sagan et sorti en 1968.
Analyse critique[]
Lucile est jeune, aime vivre d'oisiveté grâce à l'argent de son amant Charles, qu'elle accompagne à loisir au théâtre, dans les cabarets, les diners mondains du Paris des années 60.
Antoine, rencontré dans une soirée incarnera pour elle la beauté physique, l'amour fulgurant, la normalité aussi, d'un travail et de soucis matériels.
Fidèle à ses thèmes fétiches de l'oisiveté, la jeunesse dorée, l'argent facile et les voitures,Alain Cavalier et Françoise Sagan nous livre une vue assez acerbe sur le milieu mondain, ses futilités, mais aussi une vraie histoire, le décryptage des sentiments contradictoires, et une analyse de ce que peut être la complicité entre deux amants.
Cavalier écrit avec Sagan le scénario du film et le tourne alors que la société française se trouve bousculée par les évènements de Mai-68. Il y a un côté presque provocateur de sa part à s'amuser ainsi avec des images luxueuses et des héroïnes en costumes Yves Saint-Laurent alors que dans la rue émerge l'idée d'une nouvelle société.
La mise en scène d'Alain Cavalier, à travers les cadres et les éclairages qu'il met en place, joue le jeu d'une Françoise Sagan qui entend avec La Chamade faire une apologie de la oisiveté et de la sensualité. Le cinéaste, même s'il n'est pas totalement concerné par ce thème et va même en glisser la critique dans le film, est tout de même pris par l'ambiance raffinée et toute en élégance qu'il installe, les décors luxueux, le charme des acteurs, la grâce de Catherine Deneuve.
Cependant, le réalisateur se moque parfois gentiment, parfois plus cruellement de cette bourgeoise qui ne s'attache à rien d'autre qu'à son apparence, prise par le souci de ne pas vieillir, de ne pas changer. On sent déjà pointer l'ironie lorsqu'il la montre au début du film dorlotée et choyée par un personnel et un amant aux petits soins.
L'aspect le plus intéressant du film est celui où Cavalier s'attache à l'impossible amour de Lucile et Antoine. Où comment d'une séquence elliptique montrant Lucile et Antoine pris par le tourbillon d'un été où tout semble possible, on en vient à un quotidien où il n'y a plus que des non-dits et des rancœurs. La façon dont le cinéaste montre dans ce laps de temps leur complicité s'étioler, leur amour s'évanouir, concentre habilement les enjeux sous-jacents de son film et n'est pas sans être pour lui une manière d'évoquer sa propre relation difficile avec Irène Tunc.
Citation: Le film a beaucoup de justesse, des dialogues adroits, une belle couleur de Pierre Lhomme, des acteurs admirablement conduits. Catherine Deneuve surtout, dans un rôle de large envergure qu'elle déploie sans défaillance. Elle avait la classe, elle accroît encore son talent. (Roger Tailleur, Positif 1969)
Distribution[]
- Catherine Deneuve : Lucile
- Michel Piccoli : Charles
- Roger Van Hool : Antoine
- Jacques Sereys : Johny
- Amidou : Etienne
- Irène Tunc : Diane
- Philippine Pascal : Claire
Fiche technique[]
- Réalisation : Alain Cavalier
- Scénario : Françoise Sagan d'après son roman homonyme publié en 1965
- Adaptation et Dialogue : Françoise Sagan, Alain Cavalier
- Images : Pierre Lhomme
- Montage : Pierre Gilette
- Musique originale : Maurice Leroux
- Production : Les Films Ariane, Les Artistes Associés (Paris) - P.E.A (Rome)
- Durée : 105mn
- Date de sortie 30 octobre 1968
Film français Film sorti en 1968