Film Wiki
Advertisement

L'Arnaqueur (The Hustler), film américain de Robert Rossen sorti en 1961.

Synopsis[]

Eddie le Rapide, très talentueux joueur de billard, vit de petits coups et d'arnaques. Il fait croire qu'il est nul pour faire monter les mises, puis il plume ses adversaires. Mais son rêve le plus cher est de battre le champion Minnesota Fats. Il perd la partie, qui dure 24 heures. Il garde en tête une injure qu'on lui a lancée, comme quoi il serait un loser.

Critique[]

Ce film est novateur pour l'époque (1961) : il est tourné à New-York et non pas à Hollywood, on note la présence d'une narration originale avec une séquence pré-générique, de scènes très longues, de personnages qui sont tous des anti-héros, etc.

Au-delà de cette mise en perspective, il reste un film puissant, avec une thématique forte et originale : le talent ne fait rien sans caractère, sans personnalité pour la sublimer. Sinon, on n'est rien d'autre qu'un loser. Loser comme on en a peu vu au cinéma, et thématique combien intéressante : non pas un raté, nulle, puant, mais quelqu'un qui a toutes les cartes entre les mains, mais qui ne sait pas en profiter.

Derrière tout cela, une idée simple : le talent, c'est justement la valeur demandée, reconnue par une culture superficielle. Un peu plus loin, pointe une critique sociale : gagner, perdre, n'est finalement que secondaire (même si reconnu comme primordial, surtout dans la société américaine), l'important, c'est le caractère, l'être. Cet argument peut sembler un peu naïf, simpliste et évident, mais à travers le parcours terrible d'Eddie, c'est tout autre. Gamin au début du film, il devient adulte à la fin du film: passant à travers une relation amoureuse, une castration d'un imaginaire de toute puissance et surtout l'affrontement avec une figure paternelle. La traversée de ce désert de l'humanité est bien évidemment coûteuse, d'une manière narcissique, d'une manière amoureuse.

Robert Rossen fait preuve d'une maîtrise et d'une intelligence remarquables. Sa mise en scène est d'abord très fine, avec une lumière très rusée, un sens du cadre très poussé. Mais c'est surtout son travail sur le scénario qui est impressionnant, les choix effectués : mettre le billard au second plan et raconter d'abord une histoire de personnages, oser aller loin dans le cynisme, des personnages très campés sans être pour autant caricaturaux: Paul Newmam minaude avec conscience et fait évoluer son personnage vers une certaine dureté, une simplicité aussi.

Piper Laurie incarne un personnage très compliqué, réussissant à donner des facettes et une gamme à son personnage, allant de la pure dépression à une énergie de vie. Et puis surtout, il y a Patton, c'est-à-dire George C. Scott, terrible dans ce personnage indifférent à toute idéologie, tout rêve, tout désir, avec même plus l'envie d'argent, un personnage troublé face à un Paul Newman trop vivant pour ne pas lui être insupportable.

25 ans plus tard, Martin Scorsese met à nouveau en scène le personnage d'Eddie, toujours interprété par Paul Newman, dans La Couleur de l'argent (The Color of Money, 1986) : Eddie cherche un poulain pour lui succéder, interprété par Tom Cruise. Même son Raging Bull n'est pas sans faire penser à ce film, avec le même personnage de "loser".

Distribution[]

  • Paul Newman : Eddie Felson
  • Jackie Gleason : Minnesota Fats
  • Piper Laurie : Sara Packard
  • George C. Scott : Bert Gordon
  • Myron McCormick : Charlie Burns
  • Murray Hamilton : Findlay
  • Michael Constantine : Big John
  • Stefan Gierasch : le prédicateur
  • Jack La Motta : un barman
  • Vincent Gardenia : un barman

Fiche technique[]

  • Titre original : The Hustler
  • Réalisation : Robert Rossen
  • Scénario : Sidney Carroll et R. Rossen, d'après le roman de Walter Tevis
  • Images : Eugene Shuftan
  • Décors : Harry Horner
  • Musique originale : Kenyon Hopkins
  • Montage : Dede Allen
  • Durée : 95 minutes
  • Dates de sortie : 25 septembre 1961 (USA) , 12 janvier 1962 (France)

BAFTA du meilleur film pour 1961

Advertisement