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Espion, lève-toi est un film français d'Yves Boisset, sorti en 1982.

Synopsis[]

Zurich (Suisse), septembre 1981. Sébastien Grenier est un ancien agent secret français du Service de Documentation et de Contre-Espionnage (SDECE), en sommeil depuis huit ans. Il dirige à Zurich une société fiduciaire, et partage la vie d'Anna Gretz, jeune allemande professeur de littérature comparée dont les idées gauchistes sont clairement affichées.

Un matin, il apprend par la radio qu'un homme avec qui il avait rendez-vous, Alfred Zimmer, vient d'être abattu dans un tramway par un commando des Brigades d'Action Populaire, officine trotskyste en activité à Zurich. Il reçoit par la poste l'après-midi même le livre Vingt ans après d'Alexandre Dumas, marqué à la page 138, code par lequel il comprend qu'il a été "réveillé" par ses supérieurs.

Se présentant au rendez-vous convenu, il a la surprise d'être abordé par un certain Jean-Paul Chance, maître des requêtes auprès du Conseil fédéral de Berne, qui se présente comme son officier traitant. Celui-ci, très bien renseigné sur le passé de Grenier, lui demande de remonter la filière Zimmer pour savoir par qui sont contrôlées les Brigades d'Action Populaires.

Inquiet, Grenier lance le code de procédure d'urgence sous la forme d'une annonce dans le Tages Anzeiger. Là encore, c'est Chance qui se présente au rendez-vous... Ce dernier lui fait comprendre qu'il l'a réveillé en raison des contacts d'Anna Gretz avec certains éléments des Brigades d'Action Populaire, en lui répétant qu'il travaille pour Paris.

Grenier alerte alors son ami Henri Marchand, autre agent du SDECE, afin de lui demander le pédigrée de Chance. Marchand lui promet de lui dire rapidement si, effectivement, Chance est leur supérieur hiérarchique. Lors de son retour à Paris, Marchand est assassiné. Grenier décide alors d'enfreindre la voie hiérarchique et se rend à Munich pour y rencontrer Meyer, bibliothécaire homosexuel qui est également un agent du SDECE. Alors qu'il retourne aux nouvelles le lendemain, il arrive à la Bibliothèque de Munich alors que Meyer vient d'être assassiné lui aussi.

De retour à Zurich, il est accueilli à l'aéroport par Chance, mécontent de ces démarches. Le soir même, il est contacté par un agent envoyé de Paris, Richard. Le lendemain, il rencontre Richard qui lui apprend que Chance est un espion soviétique qui tente de le retourner. Il lui précise que Paris n'est pour rien dans son "réveil".

Peu de temps après, les Brigades d'Action Populaire assassinent le conseiller Kieffer, haut fonctionnaire fédéral, alors qu'il sort d'une visite à l'Université de Zurich. Anna Gretz et plusieurs de ses collègues gauchistes sont arrêtés par la police suisse. Chance propose alors à Grenier de faire jouer ses relations politiques afin de faire libérer Anna Gretz. Il fait pression sur le commissaire Lehmann qui accepte de libérer la compagne de Grenier. Chance explique alors à Grenier que Richard est en fait le colonel Ermontov, officier du KGB, et lui demande de l'aider à le neutraliser.

Ne sachant plus qui croire, Grenier décide de tenter de s'enfuir. Il récupère une paire de faux passeports qu'il avait conservés et annonce à Anna Gretz qu'ils vont quitter l'Europe et qu'ils doivent partir immédiatement en abandonnant tout sur le champ. Anna accepte de le suivre mais obtient de lui de téléphoner auparavant à sa mère. Alors qu'elle est dans une cabine publique, elle est enlevée par un groupe d'hommes cagoulés.

Richard fixe alors un rendez-vous à Grenier, au cours duquel il lui annonce que ses tergiversations et ses liens avec Chance risquent de lui coûter cher. Il lui demande d'oublier Anna Gretz, sans quoi il sera exécuté. Grenier refuse et congédie Richard en le menaçant de représailles s'il arrive quelque chose à sa compagne.

Le soir, un policier vient le chercher à son domicile et le conduit à l'Université où Anna Gretz a été retrouvée tuée d'une balle dans la tête dans le coffre d'une voiture. La revendication est signée des Brigades d'Action Populaire.

N'ayant plus rien à perdre, Grenier décide d'en finir et de savoir enfin qui de Richard ou de Chance a fait assassiner Anna Gretz. Remontant en quelques heures la filière des étudiants gauchistes amis de sa compagne, il arrive à Ramos, personnage inquiétant qui semble être une taupe de l'Est ayant infiltré les Brigades d'Action Populaire. L'ayant abattu, il obtient de son compagnon, Rudy la Blonde, le nom de l'officier traitant de Ramos, qui est à l'origine de l'infiltration des Brigades par le KGB. Se présentant à un rendez-vous à la place de Ramos, il se retrouve face à Chance, qu'il abat froidement, étant persuadé qu'il est responsable de la mort d'Anna Gretz.

La même nuit, Richard reçoit un coup de téléphone du Palais de l'Elysée qui lui ordonne d'éliminer Grenier, devenu complètement incontrôlable. On apprend au passage que ce sont les hommes de Richard qui ont abattu Anna Gretz.

Le lendemain matin, Anna est enterrée au cimetière catholique de Zurich. Grenier observe la cérémonie depuis une forêt voisine. Les hommes de Richard le rattrapent et le tuent de quatre balles dans le dos alors qu'il s'apprête à fuir en voiture. Ils l'enterrent ensuite dans une clairière isolée.

Critique[]

Ce film, œuvre magistrale mais trop peu connue, servi par d'excellents dialogues de Michel Audiard, est tiré du livre Chance awakening de Georges Markstein

Yves Boisset a su donner à cette histoire une formidable intensité dramatique, soulignée par une atmosphère oppressante et des personnages aussi inquiétants qu'énigmatiques. La figure tragique de Sébastien Grenier, homme traqué et broyé par un passé qui le rattrape sous des dehors de cauchemar, est superbement incarnée par un Lino Ventura saisissant de vérité.

Le découpage des séquences et leur situation en jours et en heures accentuent en outre le caractère implacable de l'étau qui se resserre à chaque seconde sur Grenier. Une vie bascule en une semaine à peine sous l'oeil d'un spectateur qui cherchera à plusieurs reprises à comprendre qui joue ainsi avec un homme

Le film d’Yves Boisset mène en un peu plus d’une heure trente une histoire sombre de nos services secrets à un rythme soutenu, d’entrevues où l’on parle couramment la double langue en assassinats maquillés. Fruit d’une époque où la Guerre Froide était entrée dans les mœurs, où l’homme de la rue ne s’effrayait presque plus de savoir « si », mais plutôt « quand » la Bombe allait lui tomber dessus, Espion Lève-toi amorce la dernière vague d’une certaine époque du cinéma policier français.

La génération Ventura, qui naquit avec Touchez pas au grisbi !, allait s'éteindre au tournant des années 90. Mais dix ans auparavant, lorsqu’Yves Boisset tourne ce film, tous les éléments débattus dans l’intrigue sont encore fort concrets : l’allusion à la bande à Baader, par exemple, est d’une actualité encore brûlante. De même, la vision proposée par Boisset du monde de l’espionnage est parfaitement conforme à l’idée que le dévoilement de certaines affaires ont pu offrir de ces vénérables institutions à sigles compliqués mais célèbres tels que KGB, CIA, SDECE, DST ou DGSE. La réussite principale, sur le plan formel, est la retenue choisie pour dévoiler peu à peu le monde souterrain qui s’active dans les rues fleuries de Zürich.

Le spectateur suit Lino Ventura pas à pas, au fur et à mesure que l’ancien espion retrouve les réflexes de son métier, et parallèlement, au fur et à mesure que le spectateur comprend qui est le respectable conseiller financier. Délaissant toute présentation, toute explication sur le fonctionnement interne du SDECE, Boisset plonge le spectateur dans un monde dont ce dernier ne découvre les codes que lorsqu’il les voit appliqués. D’où une constante sensation de courir après l’intrigue, dont la complexité et les connexions ne se dévoilent qu’au final, glaçant et sombre comme le visage de Bruno Cremer.

A des lieues de l’espionnage High-Tech des James Bond, tout aussi loin de celui d’ Ennemi d'État, ou de La Mémoire dans la Peau, Espion Lève-toi montre cet espionnage banal que l’on accusa la CIA d’avoir oublié lors du 11 Septembre, fait de petites astuces, de gestes quotidiens. Un réalisme qui confinerait à une quasi platitude, tant les plus petits évènements semblent s’enchaîner comme une routine.

Boisset dévoile la petite cuisine de l’espion de tous les jours, celui qui doit parfois se contenter de suivre un homme dans la rue sans se préoccuper de raisons ou d’identités. Et la raison d’État n’en apparaît que plus effrayante, toute-puissante mais ne se révélant que pour détruire. Un coup de téléphone et le dossier est clos.

Le montage ne laisse aucune place à l’imprécis ni au superflu. Passé la révélation initiale de la véritable identité de Grenier, le spectateur ne le verra plus agir qu’en espion.

Pour interpréter ce drame, quelques comédiens d’exception, parfaitement adaptés à leur personnage : Ventura le héros indéchiffrable, qui reprend du service sans qu’on ne puisse distinguer ses états d’âme, si tant est qu’il en ait; Piccoli le séducteur mielleux, l’espion cultivé et machiavélique auquel le script donne une dimension surnaturelle, le faisant surgir à chaque instant; Bruno Cremer l’exécutant froid, image de ce que fut Grenier dans sa jeunesse.

Distribution[]

Fiche technique[]


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