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Depuis son invention en 1896, la production cinématographie mondiale a traversé de multiples périodes, correspondant souvent à un genre précis, en phase également avec le contexte historique. Dès lors, revisiter ces pans entiers de l'histoire du cinéma apparaît comme une démarche pertinente, d'autant plus que bon nombre de ressorts des films actuels ne sont que des ersatz d'innovations apportées par des films d'antan. C'est aussi une manière de reconsidérer le film actuel et de favoriser la découverte de productions intelligentes, originales, et artisitiques -pouvant bénéficier de techniques remarquables, mais au service d'une mise en scène, et non le contraire.[1]

Le cinéma belge commence seulement à se faire connaître, grâce à des distinctions, notamment au Festival de Cannes, alors qu'il a longtemps vécu dans l'ombre d'autres cinématographies, particulièrement celle de la France où nombre de réalisateurs et d'acteurs allaient poursuivre leur carrière.

En outre, la Belgique est un petit pays au cœur de l'Europe, au centre de deux cultures : latine et germanique, et aux trois langues nationales : le français, le néerlandais et l'allemand (minoritaire). Le cinéma belge se décline donc au pluriel[2], mais si quelques auteurs font le choix d'une étude différenciée de chaque aire linguistique[3], d'autres préfèrent mettre en avant ce qui les rapproche[4] : le patrimoine culturel, notamment la peinture – celle des grands maîtres tels que Bosch et Bruegel, ou plus près de nous celle de Paul Delvaux, René Magritte, Félicien Rops ou James Ensor –, l'attachement aux racines rurales, ainsi qu'un goût marqué pour le fantastique et l'onirisme, voire le surréalisme, souvent associé au concept de belgitude en général.

Certaines catégories sont plus caractéristiques de ce cinéma que d'autres : le documentaire, auquel Henri Storck a donné ses lettres de noblesse, mais également l'essai formel (cinéma expérimental et avant-garde) et le film sur l'art.

Histoire du cinéma belge[]

La préhistoire du cinéma[]

Dès 1797, le Liégeois Étienne-Gaspard Robert, dit Étienne Robertson, un abbé à la fois scientifique et artiste, met au point une sorte de lanterne magique appelée "Fantascope". Avec cet appareil permettant aux ombres projetées de changer de forme grâce à des embryons de mouvement, il présente des Fantasmagories qui font sensation.

En 1832, le physicien et mathématicien bruxellois Joseph Plateau, professeur à l'Université de Gand et spécialiste reconnu de la persistance rétinienne, conçoit le Phénakistiscope, prédécesseur du Zootrope. Le "joujou scientifique"[5] de Plateau permet la synthèse d'un mouvement bref à partir d'une série de dessins disposés sur un disque percé de fentes. Certains de ces disques ont été décorés par le peintre belge Jean Baptiste Madou.

Le temps des pionniers[]

La première représentation publique de cinéma en Belgique a lieu le 1er mars 1896 à la Galerie du Roi, à Bruxelles[6], soit quelques semaines à peine après la séance historique des Frères Lumière à Paris le 25 décembre 1895, et avec un programme très semblable. De fait, une projection de La Sortie des usines Lumière avait déjà eu lieu en avant-première, dans un cercle restreint mais en présence de nombreuses personnalités, le 10 novembre 1895 à l’École Supérieure de l’Industrie de Bruxelles.

Les débuts de la production belge proprement dite sont dominés par deux personnalités, Hippolyte De Kempeneer et Alfred Machin, un Français originaire du Pas-de-Calais.

En 1897, De Kempeneer, un ancien négociant en boissons, tourne son premier reportage, Le roi Léopold II à l’Exposition de Tervueren (Koning Leopold II op de Tentoonstelling in Tervuren). Conscient de l’intérêt que les spectateurs belges commencent à porter à ces images plus proches de leur réalité, il lance un programme d’actualités cinématographiques, "La Semaine animée", qui sera diffusé chaque vendredi de 1912 à 1914. Les enjeux moraux et pédagogiques du cinéma — notamment des films documentaires — lui tiennent particulièrement à cœur. En 1913 il fonde la Ligue du Cinéma Moral et en 1914, il ouvre le Cinéma des Familles, une petite salle dédiée aux documentaires, dans laquelle il organise des matinées scolaires. Poursuivant la mission dont il se sent investi, il crée pendant la guerre la Compagnie Belge des Films Instructifs.

Ses productions sont abondantes et variées. Parmi les sujets traités, on remarque une fête des fleurs, un concours hippique, une foire aux bestiaux, des visites officielles ou des funérailles de personnalités, ou encore des scènes de colonies de vacances. Une série de films patriotiques est également produite[7], par exemple La Belgique martyre (Het Gemartelde België) de Charles Tutelier en 1919. Nombre de ces pellicules ont malheureusement été perdues.

En 1921, cet homme d’affaires avisé construit également de vastes studios à Machelen, où des réalisateurs belges et étrangers viendront travailler, par exemple les Français Julien Duvivier et Jacques de Baroncelli. De son côté, le Français Alfred Machin, recruté par la puissante firme Charles Pathé, tourne d’abord des films animaliers en Afrique puis séjourne aux Pays-Bas pour y développer une industrie cinématographique locale, avant d’être envoyé en Belgique en 1912 comme directeur artistique de l’une des filiales de Pathé, Belge Cinéma Film.

Des films de fiction commencent à être produits et L'Histoire de Minna Claessens (De legende van Minna Claessens) (1912) est considéré comme le premier long métrage du cinéma belge[8]. La pellicule de ce mélodrame a été perdue, il n’en subsiste que le scénario, conservé à la Bibliothèque nationale de France.

Toujours en 1912, la firme Pathé investit le domaine du Karreveld dans la banlieue bruxelloise de Molenbeek-Saint-Jean et Machin supervise alors son réaménagement. C’est là qu’il tournera les scènes d’intérieur de ses films belges.

Maudite soit la guerre (Vervloekt zij den oorlog), œuvre résolument pacifiste et prémonitoire sortie en juin 1914, constitue le sommet d’une carrière riche d’environ 150 titres. Certains de ces films sont conservés à la Cinémathèque royale de Belgique, à Bruxelles.

Pendant le premier conflit mondial, le cinéma belge est un cinéma d'occupation allemande, souvent en langue allemande.

L'entre-deux-guerres[]

En marge des fictions ou du reportage d’actualité[9], on voit apparaître après la Grande Guerre de petits films à caractère ethnologique, précurseurs de la future école documentaire belge, plutôt destinés aux spécialistes qu’au grand public. En effet, grâce au cinéma, on peut désormais enregistrer les traces des arts et traditions populaires, et les méticuleux collectionneurs de documents et d’objets, tel Joseph-Maurice Remouchamps, trouvent là un allié de choix. André Simon tourne ainsi des scènes telles que Le Tressage de la paille dans la vallée du Geer, Exploitation d'une carrière ou La Décapitation de l'oie.

La démarche que certains entreprennent en Wallonie est aussi celle du marquis Robert de Wavrin qui explore inlassablement le continent sud-américain, d’où, à la manière d'un Robert Flaherty, il rapporte une série de témoignages sur des cultures aujourd’hui disparues. Le plus connu de ses courts métrages est Au cœur de l’Amérique du Sud (1924). Quant à Ernest Genval, c’est au Congo belge, où il avait déjà séjourné, qu’il part tourner une série de petits films pour le compte d’entreprises coloniales. Son long documentaire Le Congo qui s’éveille (1927) serait ainsi « un hymne aux réalisations civilisatrices, technico-industrielles et médicales de la Belgique dans la colonie ».[10]

De leur côté les scientifiques, et notamment les médecins, dans la lignée du physiologiste Étienne-Jules Marey, entrevoient d’autres applications du cinéma. Antoine Castille filme nombre de cas pathologiques et, grâce à lui, le neuropsychiatre Ovide Decroly, formé à l’Université de Gand, met la pellicule au service de ses études sur la psychologie génétique : le pédagogue peut ainsi observer le comportement des enfants au fil des ans. Ces films datent de 1923 ou de 1932 avec le professeur Léon Laruelle (1876-1960) (par exemple Hémorragie cérébrale ou Procédés de sensibilisation du système nerveux ou Encéphalo-myélite subaiguë).[11] Par ailleurs, Castille se lance dans une vaste entreprise d'ethnologie intérieure en filmant les fêtes de Belgique. Aussi, il enregistre les gestes du travail traditionnel. Ses films sont des documents anthropologiques sur une époque révolue.

À la fin des années 1920, juste avant l’avènement du parlant, deux cinéastes belges d'envergure se font connaître : Charles Dekeukeleire pour ses films d'avant-garde et Henri Storck pour ses essais documentaires sur Ostende.

Dekeukeleire se passionne très tôt pour le cinéma et ses maîtres ont pour noms Germaine Dulac, Jean Epstein, Marcel L'Herbier, Louis Delluc, mais aussi Dziga Vertov. Très construit, son court métrage Combat de boxe (1927), réalisé dans des conditions très précaires mais avec de vrais boxeurs, utilise avec virtuosité toutes les ressources de ce nouveau langage. Cinéphile averti, il puise aussi son inspiration du côté des plasticiens tels que Man Ray, Fernand Léger ou Marcel Duchamp. Il poursuit ses recherches formelles avec Impatience et Histoire de détective (1929), puis tourne nombre de documentaires jusque dans les années 1950.

Si le nom de Dekeukeleire semble moins familier aujourd’hui, en revanche celui d’Henri Storck reste associé durablement à l’école documentaire belge, un peu à la manière d’un John Grierson dans le cas du mouvement britannique. L’un de ses premiers courts métrages, Images d’Ostende (1929-1930), en hommage à sa ville natale, peut être perçu comme « un choc poétique et cinétique, sans fiction ni son, qui dégage le cinéma de son obligation narrative pour le rendre au monde des sensations que lui seul peut porter. ». Mais ce sont surtout Misère au Borinage (1933), film muet, compassionnel et engagé, tourné avec Joris Ivens, puis la fresque Symphonie paysanne (Boerensymfonie) tournée de 1942 à 1944 qui caractérisent ce regard si particulier sur le monde. Un regard généreux, mais peut-être pas toujours totalement innocent, si l’on en croit quelques témoignages et des preuves écrites sur les positions de Storck durant l’Occupation. Ce point reste sans doute sujet à polémique, alors que le talent du cinéaste semble rarement contesté.

À cette école documentaire qui marque toute l'histoire du cinéma belge, on peut associer d’autres noms, par exemple ceux d’André Cauvin et de Gérard De Boe. Tous deux tournent de nombreux films au Congo, plus sensibles et plus nuancés que les premiers courts métrages coloniaux, et quelques-uns de leurs titres ont fait date, tels L’Équateur aux cent visages (1948) de Cauvin et Étonnante Afrique ou Katanga pays du cuivre que De Boe tourna en 1956.

Parallèlement, deux cinéastes d'un seul film réalisent des œuvres d'avant-garde, souvent rattachées au surréalisme[12]. En 1929, le comte Henri d’Ursel, né à Bruxelles, tourne à Paris, un peu à la manière de Louis Feuillade, La Perle, d’après le scénario du poète Georges Hugnet, une histoire à multiples rebondissements non dépourvue d’érotisme.

Un peu plus tard, Ernst Moerman, poète et ami Éluard, également fasciné par les films à épisodes de Feuillade, propose une vision onirique et subversive du redoutable héros de Pierre Souvestre et Marcel Allain, avec Monsieur Fantômas, un moyen métrage muet dont la première a lieu au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles le 12 octobre 1937, alors qu’on y projette également Un chien andalou.

Dans l’intervalle pourtant le son a fait son apparition et ses techniques évoluent rapidement. Le premier long métrage belge utilisant le son optique, Le Plus Joli Rêve (1931), est l’œuvre du Bruxellois Gaston Schoukens, déjà connu pour Monsieur mon chauffeur en 1926 et qui sera pendant près de trente ans la figure de proue du cinéma populaire. De fait il aborde un peu tous les genres, le documentaire (Le Football belge, 1922), le film d’art (Nos peintres, 1926), le mélodrame (Tu ne sauras jamais, 1927), le drame patriotique (Les Croix de l’Yser, 1938) ou les comédies débridées, telles En avant la musique (1935) ou Bossemans et Coppenolle (1938).

Quant au Flamand Jan Vanderheyden, sa notoriété repose principalement sur son premier film, le mélodrame qu’il réalise, assisté par son acteur Willem Benoy, Filasse (De Witte, 1934), l’adaptation d’un roman picaresque d’Ernest Claes, une histoire que l’on peut rapprocher de celle de Poil de carotte.

Notons que la Cinémathèque royale de Belgique est fondée pendant cette période faste, en 1938, notamment grâce à Henri Storck, et que le Festival du film expérimental de Knokke-le-Zoute est créé en 1949.

Les années 1950[]

La tradition documentaire se poursuit pendant cette décennie, mais une nouvelle génération de cinéastes apparaît.

Avec Rubens, réalisé avec Storck en 1948, l’historien de la peinture Paul Haesaerts renouvelle le film d’art en mettant au service de l’étude comparative les mouvements de caméra, les animations et la fragmentation de l’écran, tout en conservant le foisonnement et la sensualité du peintre. Pendant les années 1950 il tourne une série de films pour la télévision.

Ethnologue érudit, Luc de Heusch tourne en 1951, sous un nom d’emprunt, dans une maison abandonnée d'Anderlecht, le seul film du mouvement CoBrA : le court métrage expérimental Perséphone. Il part ensuite en mission scientifique au Congo belge d’où il rapporte deux œuvres, un petit film en couleurs, Ruanda, tableaux d’une féodalité pastorale, et surtout Fête chez les Hamba (1955), un long métrage en noir et blanc qui a nécessité de sa part une véritable initiation au sein de cette tribu. Dès lors Luc de Heusch deviendra — comme Henri Storck et, dans une moindre mesure, Charles Dekeukeleire — un cinéaste documentariste ethnologue presque officiel. On évoque souvent à son sujet Flaherty, et surtout son contemporain Jean Rouch.

Le film de fiction le plus marquant de cette époque est Les mouettes meurent au port (1955), coréalisé par trois jeunes cinéastes d’Anvers, Rik Kuypers, Ivo Michiels et Roland Verhavert. L’utilisation du noir et blanc, les décors urbains, les errances sans espoir d’un héros tourmenté et les tensions d’un canevas policier peuvent sans doute se rattacher à une esthétique expressionniste, mais on[13] évoque aussi à son propos quelques films européens (Le Troisième Homme, Jeux interdits) ou américains (Sur les quais) plus proches dans le temps.

À la fin des années 1950, Paul Meyer réalise Klinkaart et Déjà s'envole la fleur maigre, des fictions sociales, aux limites du documentaire, influencées par le néoréalisme.

Lucien Deroisy et Émile Degelin réalisent leur premier long métrage de fiction pendant cette période, le premier avec une adaptation des Gommes, le roman de Robbe-Grillet (1959) et le second avec Si le vent te fait peur (1960), un sujet audacieux pour l’époque (la tentation de l’inceste entre un frère et une sœur), pas si éloigné de la Nouvelle Vague française, un film auquel le Festival de Cannes décerne une mention d’honneur. Comme dans d’autres pays, une page du cinéma national est sur le point de se tourner.

Les années 1960 et 70[]

Le cinéma belge est subventionné à partir des années 1960[14]. Les avances sur recettes sont créées tant du côté flamand (1965) que du côté francophone (1967). Grâce à ces financements publics les films ont de meilleures chances de voir le jour et une émulation apparaît[15]. Ce n'était pas l'avis du cinéaste Edmond Bernhard qui a déclaré : Il y avait là une dame qui exigeait à tout prix de moi un scénario. Je tourne toujours sans scénario... Ils me mettaient plus ou moins au pinacle à cette époque et ils ne voulaient pas me donner du fric. Ils voulaient le donner à une " structure ", qui serait moi sans être moi. Plusieurs cinéastes flamands de cette nouvelle génération, André Delvaux (L'Homme au crâne rasé), Roland Verhavert (Pallieter), Hugo Claus (Les Ennemis) et Harry Kümel (Les Lèvres rouges et Malpertuis) se distinguent aux manifestations cinématographiques internationales. Du côté francophone, Benoît Lamy réussit dans la comédie grand public (Home sweet Home). Mais c'est Chantal Akerman qui créera l'événement en 1975 avec l'hyperréaliste Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles, sommet de son travail de synthèse entre l'énergie de Godard et le formalisme des cinéastes expérimentaux nord-américains.

En réaction à l'académisme tiède, des cinéastes moins conventionnels apparaissent. S'ils ne reçoivent pas ou peu d'aides publiques, leurs œuvres sont acclamées à l'étranger : Marcel Mariën, Edmond Bernhard, Roland Lethem, Noël Godin, Thierry Zéno, Jean-Marie Buchet, Boris Lehman, Picha, Jan Bucquoy, etc.

Le succès auprès du grand public[]

Dans les années 1980, Marc Didden (Brussels by Night), Marion Hänsel (Dust), Jean-Jacques Andrien (Le Grand Paysage d'Alexis Droeven et Australia), Robbe De Hert (Zware Jongens), Patrick Van Antwerpen (Un joli petit coin et Vivement ce soir) et surtout Chantal Akerman (Toute une nuit et Golden Eighties) sont les réalisateurs qui donnent un nouveau souffle au cinéma belge de fiction conventionnel.

À partir des années 1990, ce type de cinéma belge prend un essor et se voit récompensé : en 1991 le premier long métrage de Jaco Van Dormael, Toto le héros, séduit à la fois le public et la critique et fait l'objet de nombreuses distinctions internationales, dont la Caméra d'or à Cannes ; C'est arrivé près de chez vous en 1992 avec Benoît Poelvoorde, remporte le Prix du public également à Cannes ; Antonia (1995) de la Néerlandaise Marleen Gorris, est consacré meilleur film étranger aux Oscars ; Pascal Duquenne, Natacha Régnier, Émilie Dequenne et Olivier Gourmet sont couronnés d'une Palme d'Or, du meilleur acteur ou de la meilleure actrice à Cannes, respectivement en 1996, 1998, 1999 et en 2002. Symbole ultime : les frères réalisateurs Jean-Pierre et Luc Dardenne y emportent deux fois la palme d'or en 1999 avec Rosetta et 2005 avec L'Enfant. Relevons aussi Vincent Lannoo qui, avec Strass signe le premier film belge Dogme, mouvement lancé par le Danois Lars von Trier. En 2006, pour surfer sur la vague de la bonne réputation des films belges, Luc Besson a produit Dikkenek, un « faux Poelvoorde, sans le goût, l'humour, la folie, sans le talent » selon La Libre Belgique[16]. De son côté la Communauté flamande encourage le cinéma académique (Daens de Stijn Coninx, Villa des roses de Frank Van Passel) ou les tentatives de rivaliser avec l'efficacité du divertissant cinéma américain (La Mémoire du tueur d'Erik Van Looy). Ces produits traversent avec difficulté la frontière linguistique.

La vivacité actuelle du cinéma documentaire, expérimental et de l'essai est masquée par le succès médiatisé de la fiction traditionnelle et le moindre soutien des pouvoirs publics, surtout au niveau de la distribution et de la promotion. En Wallonie, ces catégories, pourtant caractéristiques du cinéma belge, sont invisibles.

Le cinéma d'animation[]

La tradition de la bande dessinée bien ancrée en Belgique trouve tout naturellement ses prolongements au cinéma. C'est ainsi que les studios Belvision, parmi les plus importants d'Europe, adaptent tour à tour les grands classiques (Tintin, Astérix, Lucky Luke ou les Schtroumpfs).

D'autres — tel le caricaturiste Picha — s'essaient au burlesque et à la dérision, d'abord avec Tarzoon, la honte de la jungle (1975), puis avec Le Chaînon manquant (1980), une parodie de la théorie de l'évolution. L'échec commercial de Big Bang (1987) est suivi d'un long silence cinématographique, et l'on attend aujourd'hui la sortie prochaine de son quatrième long métrage, Blanche-Neige, la suite.

Mais c'est surtout Raoul Servais qui renouvelle de manière significative les thèmes et les techniques graphiques. Des récompenses internationales ne tardent pas à couronner ce talent novateur, par exemple la Palme d'Or du court métrage à Cannes en 1979 pour Harpya, un petit film dans lequel un homme est terrorisé par une créature mi-femme mi-oiseau et qui associe habilement prises de vues réelles et animations bien avant l'ère numérique. Le réalisateur belge est d'ailleurs l'inventeur d'un procédé spécifique, la servaisgraphie[17]. En 1994, son seul long métrage à ce jour, Taxandria, fait un large usage des technologies numériques.

Notons également que plusieurs longs métrages d'animation à succès réalisés par des Français, tels que Kirikou et la sorcière ou Les Triplettes de Belleville, l'ont été en coproduction avec la Belgique.

La sortie du premier long métrage d'animation belge en 3D, Fly Me to the Moon, est annoncée pour fin 2007.[18]

Personnalités du cinéma belge[]

Réalisateurs et réalisatrices[]

Pascal Adant ~ Chantal Akerman ~ Yaël André ~ Jean-Jacques Andrien ~ Stéphane Aubier ~ Patrice Bauduinet ~ Bernard Bellefroid ~ Lucas Belvaux ~ Rémy Belvaux ~ Alain Berliner ~ Edmond Bernhard ~ Philippe Blasband ~ Manu Bonmariage ~ Mourad Boucif ~ Jean Brismée ~ Jean-Marie Buchet ~ Jan Bucquoy ~ Frans Buyens ~ Lydia Chagoll ~ Stijn Coninx ~ Gérard Corbiau ~ Ronny Coutteure ~ Giles Daoust ~ Luc ~ Jean-Pierre Dardenne ~ Jan Decorte ~ André Delvaux ~ Josse De Pauw ~ Dominique Deruddere ~ Thierry De Thier ~ André Ernotte ~ Paul Flon ~ Frédéric Fonteyne ~ Noël Godin ~ Manuel Gomez ~ Yves Hanchar ~ Marion Hänsel ~ Luc de Heusch ~ Guy-Marc Hinant ~ Eva Houdova ~ Patric Jean ~ Yasmine Kassari ~ Harry Kümel ~ Eric de Kuyper ~ Roland Lambé ~ Benoît Lamy ~ Bouli Lanners ~ Boris Lehman ~ Yvan Lemoine ~ Annik Leroy ~ Iao Lethem ~ Roland Lethem ~ Stefan Liberski ~ Riton Liebman ~ Marc Lobet ~ Marie Mandy ~ Benoît Mariage ~ Thierry Michel ~ Yolande Moreau ~ Vincent Patar ~ Picha ~ Maurice Rabinowicz ~ Pierre-Paul Renders ~ Philippe Reypens ~ Jean-Jacques Rousseau (cinéaste) ~ Raoul Servais ~ Olivier Smolders ~ Henri Storck ~ Samy Szlingerbaum ~ Boris Szulzinger ~ Patrick Van Antwerpen ~ Jean-Claude Van Damme ~ Jaco Van Dormael ~ Arthur Van Gehuchten ~ Roland Verhavert ~ Marc-Henri Wajnberg ~ Micha Wald ~ Thierry Zéno

Acteurs et actrices[]

Gene Bervoets ~ François Beukelaers ~ Antje de Boeck ~ Louisa Colpeyn ~ Ronny Coutteure ~ Koen De Bouw ~ Jan Decleir ~ Jan Decorte ~ Josse De Pauw ~ Émilie Dequenne ~ Nade Dieu ~ Zizi Festerat ~ Cécile de France ~ Déborah François ~ Marie Gillain ~ Olivier Gourmet ~ Dora van der Groen ~ Hélène Lapiower ~ Serge Larivière ~ Circé Lethem ~ Morgan Marinne ~ Mimir la Panthère ~ Yolande Moreau ~ Michaël Pas ~ Benoît Poelvoorde ~ Natacha Régnier ~ Jérémie Renier ~ Julien Schoenaerts ~ Andrée Tainsy ~ Bernard Yerlès

Producteurs[]

Patrice Bauduinet ~ Godfroid Courtmans ~ Frères Dardenne ~ Hippolyte De Kempeneer ~ Francis De Smet ~ Raymond Leblanc ~ Boris Szulzinger

Commentateurs[]

(Critiques, journalistes, etc.)

  • Guido Convents est un historien et anthropologue belge, spécialiste et auteur de nombreuses références bibliographiques autour du thème du cinéma colonial africain et le cinéma des premières temps en Belgique. Il publie en particulier sur le Congo belge et sur le Ruanda-Urundi e.a. Images & Democratie. Les Congolais face au cinéma et à l'audiovisuel. Une histoire politico-culturelle du Congo des Belges jusqu'à la République Démocratique du Congo (1896-2006) et Images & Paix. Les Rwandais et les Burundais face au cinéma et à l'audiovisuel. Une histoire politico-culturelle du Ruanda-Urundi allemand et belge et des Républiques du Rwanda et du Burundi (1896-2008). Son doctorat sur le cinéma des premiers temps a été publié en 2000 sous le titre Van kinetoscoop tot café-ciné. De eerste jaren van de film in Belgie 1894-1908. Depuis 1996 il est président du Afrika Filmfestival à Leuven.
  • Patrick Leboutte, spécialiste du film documentaire, critique de cinéma et essayiste
  • Sélim Sasson, historien de l'art créateur d'émissions sur le cinéma à la RTB
  • Frédéric Sojcher a écrit La kermesse héroïque du cinéma belge (Documentaires et farces, 1896-1965), un ouvrage qui a remis en question quelques idées reçues, par exemple sur quelques Maîtres du cinéma belge comme Henri Storck ou Charles Dekeukeleire.
  • Henri d'Ursel, fondateur et présentateur du Séminaire des Arts, le plus prestigieux ciné-club belge pendant 22 ans (autour des années 1950)

Filmographie sélective[]

Socio-économie du cinéma belge[]

Institutions[]

  • Cinémathèque royale de Belgique
  • Musée du cinéma de Bruxelles

Formations[]

Les écoles de cinéma belges ont acquis une réputation européenne : l'INSAS (Bruxelles), l'IAD (Louvain-la-Neuve), l'institut Herman Teirlinck (Anvers), le RITS (Bruxelles).

Sociétés de production[]

Saga Film ~ Tarantula

Belga Films Fund

Belga Productions

Distributeurs[]

20th Century Fox Films ~ A 7 A ~ Alter Ego Films ~ Alternative Films ~ Arcade Movie Company ~ Association belge des distributeurs de films ~ Association communautaire et Interprovinciale de Diffusion de l'Audiovisuel (AIDA) ~ Atelier Graphoui ~ Beeck Turtle sprl ~ Belfilm ~ Belga Films ~ Belgavideo s.a. ~ Belgavox ~ Bevrijdingfilm ~ Boomerang pictures ~ Buena Vista International ~ Centre universitaire du film scientifique de l'Ulb ~ Centrum voor kinder-en jeugdfilm ~ Channel Films ~ Cine-Vog ~ Cinéart ~ Cinédit ~ Cinélibre ~ Cinétone ~ Clap d’Ort Films ~ Classic Films ~ Columbia-Tristar-Fox ~ Concorde Film ~ Coopérative Nouveau Cinéma ~ Coulembier Films ~ CRW Jefi ~ Alfred Damman ~ Décentralisation de films classiques et contemporains ~ Eliza sprl ~ Elsen Film & Video ~ Les Films de l'Elysée ~ Fivitel ~ Folioscope ~ General Films r.s. ~ Gsara-Disc ~ IFD (Imagine Film Distribution) ~ Kinepolis Films Distribution ~ La Big Family asbl ~ Libération Films ~ Lumière ~ Meteor/Independent Home Video ~ Multifilms ~ Nord Films ~ Paradiso Entertainment ~ Paragon Pictures ~ Le Parc Distribution ~ Pauline Pictures ~ Pegasus Releasing ~ Polygramfilmed ~ RetroFilms ~ ScERAbee Distributions ~ Standard Films ~ Studio Skoop Distributie ~ Studiofilm ~ Transatlantic Films ~ U.I.P. ~ Un soir...un grain asbl ~ Victory Productions ~ Warner Bros Cinema ~ Warner Bros Home Video

Exploitants[]

Liste des salles de cinéma à Bruxelles ~ Grignoux ~ Imagix ~ Kinepolis ~ Plaza Art

Festivals de cinéma[]

Revues de cinéma[19][]

  • Andere Sinema (1978)
  • ASIFA News
  • Cartes sur câbles (1983)
  • 'Ciné et Média Belgique (1990)
  • Ciné Fiches de Grand Angle (1984)
  • Ciné Journal (1988)
  • Cinergie (1986)
  • Ciné-Télé-Revue (1919)
  • Film en Televisie-Video (1956)
  • Média-Box (1986)
  • Mediafilm (1961)
  • Le Moniteur du film et de l'audiovisuel (1980)
  • Le Parc Cinéma (1988)
  • Pour le cinéma belge (1972)
  • SIGNIS MEDIA (2002)
  • Sound-Track
  • Stars (1988)

Associations Professionnelles[]

  • Association des Réalisateurs et Réalisatrices de Films francophones (A.R.R.F)

Voir aussi[]

  • Cinéma européen

Notes[]

  1. in Histoire du cinéma d'Anthony Bochon, 2005
  2. Philip Mosley, universitaire américain d'origine britannique, a exploré cette interrogation identitaire, notamment dans Split Screen: Belgian Cinema and Cultural Identity (voir bibliographie).
  3. Voir par exemple Wikipédia : Histoire du cinéma wallon ou Regard sur le cinéma flamand par Pascal Sennequier
  4. Jean-Loup Passek (sous la direction de), Dictionnaire du cinéma, Larousse, 1998, p. 67.
  5. Cette expression fut employée par Baudelaire dans un essai intitulé Morale du joujou (in Vincent Pinel, Le Siècle du cinéma, Bordas, 1997, p. 16-17).
  6. Source principale de cette partie : Collectif, Le Cinéma belge, Cinémathèque Royale, Ludion/Flammarion, 1999, p. 31, 62, 71, 85.
  7. Voir article de Leen Engelen, « History on Film ? What Belgian Fiction Films (1918-1924) Tell Us About the Great War and Its Aftermath ». [1]
  8. André Z. Labarrère, Atlas du cinéma, La Pochothèque, 2002, p. 147.
  9. Sauf indications contraires, Le Cinéma belge, op. cit., constitue la source principale de cette partie.
  10. Le Cinéma belge, op. cit. p. 189.
  11. Fiche de Léon Laruelle sur IMDb
  12. Article d'Olivier Smolders, « Cinéma et surréalisme en Belgique »[2]
  13. Le Cinéma belge, op. cit., p. 244
  14. Portail fédéral belge
  15. Voir texte de Jean-Claude Batz, L'Audiovisuel européen : un enjeu de civilisation ?.[3]
  16. « Une blague belge avec un faux Poelvoorde et du vrai product placement » in La Libre Belgique[4]
  17. Raoul Servais, « De Harpya et de la servaisgraphie », Quand le cinéma d'animation rencontre le vivant (dossier réuni par Marcel Jean), Annecy, Les 400 coups Cinéma, 2006, p. 25.
  18. Voir fiche TaxShelter [5]
  19. Source : « Les revues de cinéma dans le monde », CinémAction n° 69, 4ème trimestre 1993. La date est celle du lancement du périodique. Certains titres ne sont plus publiés actuellement.

Bibliographie[]

  • Guido Convents, ««De komst en de vestiging van de kinematografie te Leuven, 1895-1918», pp.257-422; in Nan.Van Zutphen en G.Convents: Moderne Uitvindingen in de Leuvense samenleving (Uitg. L.Van Buyten).Arca Lovaniensis, Jaarboek 1979. Leuven, 1981.
  • Guido Convents, «Les Catholiques et le cinéma en Belgique (1895-1914)»,p.21-43; in Roland Cosandey et al. (éd.), Une invention du diable? Cinéma des premiers temps et religion. Sainte-Foy/Lausanne, Presses de l'Université Laval/Éditions Payot. Lausanne,1992.
  • Guido Convents, Van kinetoscoop tot café-ciné. De eerste jaren van de film in België. Symbolae Facultatis Litterarum Lovaniensis - Series B - volume 18. Universitaire Pers Leuven. Leuven. 2000 - 482 p. - 16 x 24 cm. - ill. - (ISBN 978 90 5867 057 1)
  • Guido Convents, Images et Démocratie Les Congolais face au cinéma et à l´audiovisuel. Une histoire politico-culturelle du Congo des Belges jusqu´à la République Démocratique du Congo (1896-2006). Leuven, 2006 - 488 p. -16 x 24 cm. - ill-
  • Philip Mosley, Split Screen: Belgian Cinema and Cultural Identity, State University of New York Press, 2000, 251 p. (ISBN 0791447480)
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  • Frédéric Sojcher, Le Cinéma belge et l'Europe: institutions et identités culturelles, thèse de doctorat, Université de Paris 1, 1996.
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  • Jean-Michel Vlaeminckx, À chacun son cinéma : cent cinéastes belges écrivent pour un centenaire, Éd. Luc Pire, 1995, 204 p.

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