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Annie Hall ; film américain de Woody Allen, sorti en 1977

Synopsis[]

Alvy Singer est un incurable névrosé, obsédé par la précarité de l'univers, Kafka, le sexe, la mort et Le Chagrin et la pitié. Il tombe amoureux d'une jeune écervelée, Annie.

Critique[]

Annie Hall est le tournant de la carrière de celui qui, jusque là, pouvait passer pour un excellent comique de plus. Mais, comme tout comique, Woody Allen, angoisse chevillée au corps, décida un jour de parler de choses sérieuses désormais, tout en continuant à faire rire. Woody Allen tourne en fait son propre divorce en dérision, en utilisant les procédés les plus disparates : le sketch, le dialogue, le monologue intérieur, les interviews, etc.

En 1998, Woody Allen et Diane Keaton (dont le véritable nom est Diane... Hall et le surnom... Annie !) viennent de vivre une vraie histoire d'amour. Et voilà que Woody vient nous en parler. Bien sûr, il a dû inventer pas mal de choses, certains gags n'ont pas dû se produire dans la réalité, mais impossible et inutile de trier le vrai du faux !

Ce qui apparaît certain est l'hommage rendu par le cinéaste à celle qui est alors son ancienne compagne, son actrice fétiche (Annie Hall est leur cinquième film ensemble et elle en tournera encore quatre autres) et, sans aucun doute, sa meilleure amie. Lorsqu'Alvy nous confie à la fin du film, parlant d'Annie qu'il vient de revoir après leur séparation: « J'ai compris quelle personne formidable elle était et-et combien c'était chouette juste de la connaître... », qui n'entend pas alors la vraie voix de Woody parlant de Diane ?

Annie Hall synthétise à lui seul tous les films de Woody Allen. Son style, si personnel et si reconnaissable entre tous, éclate à chaque image, à chaque réplique. L'alternance de la pure comédie comme la scène du homard ou de la coke, par exemple, avec les scènes plus nostalgiques (scènes d'enfance), la manière de dynamiter de l'intérieur les moments de pathos (grâce, en général à une réplique à tomber par terre ou à un gag visuel) sont des « marques de fabriques » du cinéaste.

Tous les thèmes alleniens traditionnels sont présents: son amour pour New York doublé de sa haine pour la Californie, Los Angeles et le soleil... Ses névroses obsessionnelles: la mort, les femmes, le sexe, l'antisémitisme, la psychanalyse, les drogues, la prétention intellectuelle.. Ses influences tel Ingmar Bergman, Groucho Marx ou Freud... Ses souvenirs d'enfance récurrents... Sa paranoïa...

Woody Allen nous dit que la vie et le bonheur se heurtent inévitablement à la perte, à la mort. Et que, seul, l'art peut nous permettre d'exercer un contrôle (tout relatif bien sûr) sur eux. Pour parvenir à ses fins, il ne lésine pas sur les moyens cinématographiques: aparté de l'acteur vers le public, voyages des personnages dans le passé, écran divisé et montrant des scènes séparées, sous-titres contredisant le dialogue, séquences d'animation, etc.

Il s'inspire de son maître Ingmar Bergman (Les Fraises sauvages) ou de Federico Fellini (Amarcord).

Le résultat obtenu est l'universalité du propos. Nul besoin d'être New-Yorkais, juif, de porter des lunettes (lui), ou d'être attifée comme un as de pique (elle) pour se poser la question du film: « Pourquoi l'Amour meurt-il ? Et pourquoi ne peut-on simplement oublier ? ». Car c'est bien de cela qu'il s'agit, et là réside la gravité et l'amertume du film. On rit tout du long du film, sans retenue. Et pourtant, à la fin, quelque chose nous saisit à la gorge, alors qu'Alvy et Annie se retrouvent, chacun accompagné, sous l'affiche symbolique du film Le Chagrin et la Pitié.

Pour le spectateur, il est difficile d'accepter que leur histoire puisse désormais appartenir au passé. Bien sûr, les raisons de l'échec du couple sont compréhensibles. Il a vu Alvy transformer la jeune provinciale naïve, un peu bê-bête et peu sûre d'elle qu'est Annie lorsqu'il la rencontre, en une vraie jeune femme cultivée et désormais équilibrée. Et alors qu'elle prend son envol et la vie, sa vie, à pleines mains, lui reste désespérément figé dans son quotidien, incapable de changer quoique ce soit à lui-même ou à son monde.

Alors, il faut faire contre mauvaise fortune bon cœur et écouter Alvy/Woody conclure l'histoire: « ... Je pensais à cette vieille blague, vous savez, ce-ce-ce type va chez un psychiatre et dit: "Doc, euh, mon frère est fou. Il se prend pour un poulet." Et, euh, le docteur dit: "Et bien, pourquoi ne le faites-vous pas enfermer ?" Et le type dit: "J'aimerais bien, mais j'ai besoin des œufs." Et bien, je crois que c'est ce que je ressens au sujet des relations. Vous savez, elles sont totalement irrationnelles et folles et absurdes et... mais, euh, je crois qu'on continue parce que, euh, la plupart d'entre nous ont besoin des œufs... »

Distribution[]

  • Woody Allen : Alvy Singer
  • Diane Keaton : Annie Hall
  • Tony Roberts : Rob
  • Carol Kane : Allison
  • Paul Frederic Simon : Tony Lacey
  • Colleen Dewhurst : La mère d'Annie
  • Janet Margolin : Robin
  • Shelley Duvall : Pam
  • Christopher Walken : Duane Hall

Fiche technique[]

  • Réalisation : Woody Allen
  • Scénario : Woody Allen, Marshall Brickman
  • Photo : Gordon Willis
  • Musique : standards
  • Producteur : Charles H. Joffe
  • Genre : Comédie
  • Pays : États-Unis
  • Durée : 93 minutes

Récompenses[]

Source[]

Ciné-Passion


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